Symphonie ...
On air : Vivaldi, Quatre saisons : été
Il y a d'abord le son, puis il y a la vie et enfin l'un dans l'autre enfantent le mouvement. C'est ainsi que commencent les symphonies je crois. A moins que ce ne soit un tout qui surgit avec force, qui se fraie un chemin vers le cœur, y éclot et explose enfin en une gerbe puissante et rageuse, tantôt pliante tantôt orageuse.
Après ce n'est que pur sentiment, un abandon de soi dans un univers sensitif auditif et tactile. A chaque fois que l'oreille se saisit d'une courbe, le cœur y adosse un angle, une virée brutale et émotionnelle, comme le pas chassé d'un tango sanguin. C'est l'histoire d'une rencontre inédite entre des doigts, du bois et cuivre, des hanches et du souffle et un son courant de l'un à l'autre des musiciens figés et comme retenus par l'ensemble harmonique.
La musique a ses forçats, ses héroïnomanes, ses sculpteurs, ses peintres, sa dimension entière et profonde. Parfois le néophyte, celui qui s'émeut d'un trouble musical mais n'en saisit pas le langage bruissant, se retrouve pris aux rets du musicien talentueux qui l'ensorcèle. Il s'aperçoit alors, comme s'il dévisageait un univers inconnu par l'entrebâillement d'une porte, qu'il touche à une grâce à laquelle la nature est spectatrice ou au mieux inspiratrice. Il s'étonne alors qu'ex nihilo puisse éclore un tel miracle, une stase sonore qui ait le pouvoir de l'englober et l'arracher le temps d'une composition à l'attraction terrestre. L'air lui-même semble s'épaissir ou s'alléger à la fantaisie du compositeur et ouvrir en son sein un univers clos mais dont les miroirs innombrables évoquent images et souvenirs propres à celui qui s'y abandonne et s'y évade.