(Philip Straub)Et le silence se fait, laissant sa place à la
musique, à des notes aériennes, douces, mélancoliques et si belles, emplies de vulnérabilité humaine.
Je les écoute, les réécoute et me laisse envoûter, emporté dans un univers silencieux, mystérieux où l'atmosphère est dense, un peu pesante, comme suspendue dans un de ces moments d'indécision; un de ces moments où on s'interroge sur son humanité, sur le sens des pas précédents et sur celui de ceux qui suivent. Tous ces moments où on s'asseoit sur un bord de lit, le drap ramené négligemment sur une nudité qui semble parfois si étrangère, où on réfugie la tête entre les mains, les genoux entre les bras. Et l'univers se referme comme une cloche trop grande et si vide autour de nous, particules livrées à elles-mêmes.
Je ne suis pas dans un de ces moments-là, tout est serein en moi, empli de certitudes amoureuses, de soleil estival, je me fais simplement spectateur des errances des autres, les imaginant dans tous ces moments de désarroi, face à eux-même, comme personne ne les verra jamais, plongés dans la semi-obscurité d'une nuit trop fraîche, abandonnés à un lit trop vide.
J'aimerais alors me faire éthéré et les envelopper un à un dans une brume douce, chatoyante, afin qu'ils ne laissent pas le gel occasionner trop de dommage dans leur coeur solitaire, vulnérable face à ses propres désillusions. Et alors sans doute les sourires fleuriraient-ils doucement deci delà au lever du jour, les soucis s'effaceraient-ils un peu, conjurant à leur tour toutes frictions qui naissent du malaise et mal-être de ces nuits trop longues et de ces matins trop gris.
Juste un peu de rêve qui se prolonge, insufflé doucement dans les âmes trop seules d'un soir ...