Il manquait à ce blog une petite place pour les anecdotes alors j'inaugure la nouvelle rubrique dédiée à cet effet avec les aventures du Songe dans sa cuisine, et croyez-moi je n'en suis pas très fier ...

Mon cher médecin m'ayant conseillé de rétablir une alimentation saine pour résorber certaines désagréables surprises que mon corps me fît ces derniers jours, j'ai décidé de passer d'un extrême dans l'autre : à comprendre, je suis passé d'un repas sur deux à la résolution de cuisiner sérieusement (et ne plus me contenter de la tranche de foie de porc qu'on pose dans la poele et qu'on retourne une seconde après, accompagnée d'une conserve de légumes qu'on laisse cuire pendant qu'on tchatte).

Deux jours plus tôt la même résolution se serait certainement arrêté à la vue d'un évier surchargé avec une éponge au chômage depuis quelques jours; pourtant ce soir je suis parvenu à faire l'ensemble de ma vaisselle jusqu'à la dernière petite cuillère oubliée dans une tasse enfouie au coeur de la strate néolithique de ma table de travail (soit donc entre les paperasses urgentes et les paperasses très urgentes).

Je vous rassure, jusque là je ne m'en suis pas trop mal sorti si on excepte la fâcheuse habitude qu'ont les pâtes de s'attacher un peu trop affectueusement aux fonds de casseroles et les assiettes de décider d'opérer une scission soudaine alors qu'un vigoureux frottis se mettait en peine de les rendre à leur pureté originelle.

C'est après ces préliminaires que l'affaire s'est corsé puisqu'il s'agissait au final d'obtenir un charmant petit plat cuisiné à la Maïté mariant courgettes, choux fleur, petit dés de pommes gala avec de la viande hâchée émiettée, le tout assaisonné à la provençale (huile d'olive, un soupçon d'ail, légèrement saupoudré d'herbes de provences).

A préciser qu'au départ j'ai le choux fleur tendrement embrassé par ses feuilles, des steaks aussi durs que des pics à glace (avec la même température), des courgettes dans leur filet d'un euro le kilo à Auchan (sans publicité) et enfin des pommes talées promises à mûrir très rapidement.

 Première entreprise : décongeler les steacks au four

Je crois que c'est à ce moment là que la loi de Murphy a commencé à faire des siennes : je branche le four, je mets les steacks sur une assiette et j'envoie le tout se dorer la pillule sur la grille. Durant ce temps je commence à ... éplucher la courgette !?! J'avoue que je ne sais pas de quelle obscure partie de mon inconscient a surgi l'idée que la courgette devait être épluché alors que ma môman me les a toujours servis la peau sur la chair. M'enfin, le crime de lèse-courgette était commis ... une fois celle-ci débitée en tranches je me suis retourné pour voir où en étaient les steacks; après l'ordinateur c'était le tour du four de faire voeu de silence. Soite, je n'allais pas me laisser arrêter par si peu ...

Seconde entreprise : décongeler les steacks à la poêle

Je verse l'huile, je tourne le bouton de la plaque électrique, je découpe les steacks en morceaux tant bien que mal, luttant contre l'âpreté du gel puis je m'attaque au découpage du chou fleur. Après m'être frayé un chemin jusqu'au fragile coeur blanc, j'y enfonce avec détermination ma lame aiguisée avant que le chou en question ne cède à mes assauts et qu'une pluie de choux miniatures aillent tapisser mon linoléum devant mon air déconfit. Là encore, je ne cède pas à l'adversité, je rassemble les rescapés et les confie à la surveillance de mes courgettes dénudées avant de m'en retourner vers la casserolle pour y projeter les cubes de viande. Résultat : je me retrouve avec du steack hâché dans l'huile froide : le four n'ayant pas été débranché au profit des plaques ...

Nondidjû !,@!# !!!

Pas grave, je laisse cuire l'huile simultanément aux steacks et durant ce temps je coupe les pommes en cubes ...

La viande déjà cuite, l'idée lumineuse me vient de rajouter les courgettes, le choux et les pommes ...

Troisième entreprise : la cuisson

C'est là que commence le grand n'importe quoi : les légumes ne ramollissent pas alors que la viande commence déjà à se carboniser, les pommes attachent au fond et l'eau que j'ai rajouté pour calmer un peu la cuisson fait bouillir la suie du hâchis ...

A la fin je m'en tire avec un plat comestible mais que j'éviterais consciencieusement de préparer à mes invités. La cuisson achevée, je soulève la poêle, ma manche attrape la casserole remplie d'eau qui se trouve à côté (et au fond de laquelle je tentais vainement de ramollir les vestiges de pâtes du début de semaine). La casserole choît, mes pieds se noient, la poêle chaude à la main je ne trouve pas d'endroit pour la reposer et m'en aller quérir une serpillère en toute urgence, alors j'enjambe la flaque, je repose la téfal en équilibre sur l'accoudoir d'une chaise et je vais crapahuter entre les meubles pour endiguer la crûe ...

Epilogue

Voilà, après ces aventures, le Songe se retrouve devant le clavier à vous décrire les évènement tandis qu'un merveilleux plat provençal se cale entre les touches et la bedaine frustrée ...

Moralité

Invitez moi au restaurant si vous voulez prendre pension chez moi :) !