Pensées floconneuses ...
Froidure du jour, bonjour ...2°C à Paris et 0°C autour, l'air accomplit de ces miracles sur la petite ceinture, qui mériteraient qu'on y mène des études météorologiques très approfondies ...
Le froid sans neige est pour moi le tour facétieux d'un hiver qui se tempère : je supporte très difficilement ce souffle glacé qui se fraie son chemin entre mes omoplates et vient me chatouiller les épaules. Si j'avais le spectacle d'un manteau neigeux pour divertir mon regard et l'attarder sur les reliefs dentelés de la ville autour, je ne ressentirais pas autant le désagrément de cette intrusion malveillante dans la douce chaleur que diffuse ma chaudière corporelle.
Penser à la neige provoque chez moi la nostalgie des montagnes et des pistes enneigées qui les sillonnent. Il y a bien des années que je n'ai plus goûté à la sensation grisante du vent mordant mon visage tandis que mon corps, lancé à pleine vitesse, se joue du décors enneigé, jaillissant tantôt d'une lisière, glissant sur une crête au faîte du monde et crevant l'azur d'un ciel immense et splendide ...
Mais certaines sensations ont un coût, c'est le privilège de l'enfance de pouvoir estimer la valeur des choses à la seule émotion qu'elles procurent. Heureusement, les rêves sont là pour restaurer les passerelles que le temps et l'argent fragilisent. Dans mon imagination rien n'est inaccessible, tout juste remis à demain : au rêveur tout est possible, pourvu qu'il bâtisse chaque aube avec les souvenirs heureux de la veille et un zeste d'aventure dans les désirs nouveaux.
Chaque jour où l'on ne vit pas des instants exceptionnels ne sont que leurs antichambres; je crois que c'est la plus sage façon d'appréhender le quotidien, si on ne veut pas s'y perdre de vue et se diluer dans des sensations équivalentes à la vision d'une neige salée-sablée. Le tout est de savoir saisir ou créer l'occasion d'un changement ...