L'homme de la dernière frontière ...
(Stéphane Belin)
Il habite là-bas sur la dernière frontière ...
Il n'a pas toujours été là-bas, autrefois il habitait parmi les siens, parmi les hommes qui lui disaient qu'il était puissant et sage ...
Ses amis lui écrivent encore souvent pour lui dire que s'il revenait il aurait tant à offrir et enseigner aux hommes mais il ne reviendra pas ...
Il sait que dans la cité des hommes il ne pourra jamais décrire la lumière, le parfum de la terre et le doux bruissement de l'onde qui le berce dans sa demeure d'exil ...
Seuls ceux qui viendront à sa table, partageront son pain et marcheront au long de la rive en goûtant avec lui le silence, seuls ceux-là bénéficieront de la richesse de son enseignement.
S'il allait là bas il parlerait des bourgeons au printemps et on lui répondrait pollution et écologie, il parlerait silence et recueillement, on hausserait le ton et on s'enflammerait dans des débats sur la liberté et l'idéologie, il parlerait simplicité et harmonie et on lui répondrait violence et société.
Alors il reste là-bas, assis au bout du monde, à peindre, chanter et écrire, accueillant ceux qui veulent connaître sa sagesse ...
Et ils sont surpris d'apprendre qu'elle repose dans des ciels immenses, dans des terres infinies et des saisons qui coulent paisiblement ...
Parfois une amie lui rend visite et lui donne la tendresse qui apaise son âme et il lui offre l'or qu'il a en son coeur afin qu'elle en rapporte un peu au monde des hommes.
Parfois des amis lui rendent visite et lui donnent de la compagnie, des rires et du partage et il leur offre les perles de son esprit vif et sage afin qu'ils en rapportent un peu aux leurs.
Il habite là-bas sur la dernière frontière et sa porte est ouverte ...
(pour ma part)