(Siudmak - Révolte secrète)

Voici une chanson magnifique et un texte que j'ai écrit il y a un moment déjà qui le suit

Sita - L'envers du décor

Je suis seule tu vois, immobile encore,
Tous les soirs c'est de pire en pire,
Et quand tu rentres enfin, c'est pour dire
Que j'aurais dû m'endormir.

Je devine des signes que j'ignore et puis
Ton nouveau sourire à la mode,
Et trop d'erreurs quand c'est toi qui décroche
Et trop d'espace entre nos corps.

{Refrain:}
Mais je laisse faire encore, encore
Je me perds dans l'envers du décor.
Mais je laisse faire encore, encore
Mais je perds la tête quand je n'ai plus la force.

Je vois bien qu'elle te fait revivre en fait,
Tu ne caches rien sous tes cils,
Je ferme les yeux quand ils sont trop lucides,
Et me brûle quand je résiste.

{au Refrain}

Je suis seule tu vois, immobile encore
Je suis pâle et calme, je me vide
Et plus froid que la lame qui brille
Maintenant je peux dormir.

{au Refrain}

Je suis seule, tu vois, immobile encore
Tous les soirs c'est de pire en pire
Et quand tu rentres, enfin, c'est pour dire
Que j'aurais dû m'endormir.

Toi, oui toi qui marches à deux pas de moi ...

N'as-tu pas cette rage qui te prend parfois à la gorge lorsque tu prends conscience de ton impuissance devant le spectacle d'une désolation telle qu'elle nous apparaît dans toute sa disproportion sur nos ondes, nos écrans, nos canards en papier glacés ?

N'as-tu pas parfois ce sentiment d'être à demi asphyxié, à moitié anesthésié, partiellement évidé de ta dynamique propre ?

N'as-tu pas ce sentiment en certaines heures d'une vaste comédie qui finit fatalement en tragédie ?

Toi dont les doigts courrent sur le clavier, dont les yeux hantent l'écran d'un PC tandis que le monde fait ses grandes enjambées, tandis que tu récoltes les résidus d'une information séléctionnée, tronquée, orientée ...

Sais-tu encore très bien quelles pensées sont tiennes, et lesquelles sont le produit d'un formalisme, d'un formatage inlassablement reproduit de la première année de ton éducation à la dernière de ton existence ?

Tu penses travail, amour et loisir mais t'es-tu jamais essayé à réviser ta façon de vivre et de penser chacune de ces catégories ?

Tu n'es globalement pas malheureux, tu n'es pas très souvent heureux, on te dit de profiter de ce que t'offre chaque jour, on te dit de ne pas te poser trop de questions, on te dit que demain tu seras heureux ...

Et pourtant, malgré les sourires aux dents blanches des psychologues épicuriens, ton esprit n'a de cesse de s'auto-flageller ou de trouver toujours du noir dans les coins du quotidien ...

Quand tu te retrouves seul, l'autre te manque, quand il est là tu te sens souvent encore seul ...

Tu travailles trop ou pas assez, tu as trop envie mais assez de moyens ou trop de moyens pour trop peu d'envie ...

Tu as ton dieu en toi ou bien tu ne crois en rien, en éternelle espérance ou en interminable desésperance, tu crois au destin ou tu nies y croire, tu te demandes pourquoi tu es là parce que tu ne peux te résoudre à n'y trouver aucune raison ...

Tu aimes des choses que tu n'auras jamais le courage ou la motivation de faire ou bien tu fais des choses qui prennent toute ton énergie et que tu n'aimes que la moitié du temps, par défaut de mieux ...

Tu te dis parfois que la vie vaut le coup d'être vécu mais tu n'as pas assez de courage ou de moyens pour la vivre pleinement, ou bien tu attends patiemment que la vie te quitte parce que tu ne parviens pas à te résoudre à la quitter ...

Tu lis ton horoscope sans y croire, tu vas chez un psy en y croyant, un tiers de tes références sont culture-pub et télé-réalité ...

Tu ne résistes pas toujours à la tentation d'acheter, fumer, bouffer, consommer ...

En bref, tu fais partie de la majorité mais tu te plais souvent à t'en sentir isolé, à l'envier et la jalouser ...

Dévoiles ta face, vas au miroir et dis-toi que le monde c'est toi plus un autre pas si différent de toi et ainsi de suite ...

Et tu sentiras peut-être que finalement tu n'es pas si impuissant, que ta rage est partagée, qu'il n'y a pas de fatalité si un autre pas si différent de toi a su changer  ...