Je pars en voyage intérieur ...
(Kagaya)
C'est souvent que je continue de me dire que je pourrais fermer les yeux et prendre le train vers ailleurs, ne plus me préoccuper, le temps d'un long voyage intérieur, de tout ce qui m'agresse dans les attitudes des autres ...
Je fermerais simplement les volets, je boucherais les entrées, je ferais les bagages et j'enjamberais les paysages, les histoires, les mondes pour marcher là-bas sur la route du bord des mondes ...
Les fleurs y seront des corolles lumineuses, le parfum flottera doucement dans l'air doux et là-haut le ciel sera constellé, immense et profond ...
J'aurais des années de marche derrière moi, écoulées comme un seul instant magique et éternel et je me retrouverais là au-delà du bout du monde, plus loin que la dernière frontière terrestre, sur un petit quai en bord d'un sentier enchanteur. Et je prendrais le train du soir, celui qui mène vers un pays si lointain que l'imagination elle-même est impuissante à s'y rendre ...
C'est comme si une partie de mon esprit se sera réfugié dans la douce folie d'une évasion sans retour et que je n'entendrais plus ni les rires ni les pleurs qu'au travers d'un voile épais, irréel; je serais parti et on n'y pourra rien, je serais le seul à décider du moment du retour ...
Mais je sais que je ne le pourrais pas, c'est ici que je puise les couleurs de ma palette de sentiments ...