Danseuse étoile ...
(Edgar Degas modifié sous photoshop)
"Vanité des vanités, tout n'est que vanité"
Elle sautait d'un pied sur l'autre, aérienne et gracile, dans ses chaussons de vair et son tutu, le corps moulé et épousé par les reflets de quelques chandelles disposées au long de la corniche.
Elle était la princesse de la nuit, le rat d'un opéra céleste, tournoyant sous les étoiles en une chorégraphie vertigineuse. Chaque pas venait se déposer avec précision sur cette arrête dure d'une balustrade de pierre, des mouvements rapides, nets, fendus et ouverts, des enchaînements virtuoses suspendus au vide ...
Détiré, pointe, rond-de-jambe, arabesques inconscientes d'un abîme s'ouvrant des deux côtés, la silhouette funambule défiait le vide dans une ultime représentation d'étoile filante ...
Et elle riait, riait, de son pouvoir infini : celui de se rendre insaisissable par la vie comme par la mort, oscillant entre les deux, se moquant et de l'une et de l'autre ...
Elle dansait au-dessus de toutes ces vanités, les effleurant furtivement des pointes, toutes ces vanités qui avaient voulu l'enchâsser dans l'écrin figé de la gloire. Elle les foulait au pied, disposant de son talent au gré de ses fantaisies ...
L'excellence n'appartient qu'à celui qui en a instruit tout son être avec patience et persévérance. C'est une démesure qui ne se prostitue pas à l'avidité jalouse ...
Se rendre insaisissable dans le temps et l'espace, c'était là l'ultime leçon de l'excellence ...
Un dernier contretemps, une révérence puis l'envol sous le rideau de nuages, la postérité s'offrait une nouvelle étoile ...