Voilà quelques temps que je me laisse paisiblement porter par une torpeur diaristique, mettant ma plume au service de l'exploration des recoins de mon imaginaire, ici et là ...

Pourtant l'envie m'a titillé à plusieurs reprises de donner la parole à ma fougue sur des sujets qui ne manquent pas de m'interpeller lorsque j'ouvre le journal au matin et que j'y vois des titres si grands qu'ils crèveraient presque l'oeil. Mais j'ai à chaque fois rangé la flamme au placard, persuadé que le foyer, de ce que Impassesud à nommé très pertinnemment l'émotionnite collective, n'avait pas besoin que j'y ajoute mon étincelle pour s'embraser. 

Or j'ai beau faire tous les efforts du monde pour appliquer un tri sélectif à l'information dont m'abreuvent les kiosques, les canards-express parisiens et les encarts clignotants de mes navigateurs favoris, je ne peux ignorer le feuilleton du mois, la coqueluche d'une presse en mal de sensationnalisme (après que le CPE a fini de faire flamber les unes).

Clearstream ou l'Ice-cream médiatico-politique !

Sincèrement, franchement, sans ambages, je vais le dire tout net : tout le monde s'en contre-balance de cette histoire de corbac mal-lêché qui fait dans la délation de politicorruption. Je n'ai jamais trouvé une histoire aussi grotesque que ce scénario conspirationniste dont se nourrissent les chroniqueurs avides. Rajoutez un zeste de franc-maçonnerie, un soupçon de CIA et une goutte de lobbying FMIste et on aura notre complot international à la française.

Dites-moi, avons-nous à faire à des hommes matures qui nous représentent de façon responsable ou avons-nous de pâles pierrots qui se donnent la réplique dans une comédie burlesque dont les rebondissements n'en finissent pas de discréditer la légitimité étatique elle-même ?

Bientôt le martyr de Sarkozy, la cabbale de Villepin et la vénalité Chiraquienne figureront au même rang que les coups de balais de Monsieur Schwarzeneger en Californie.

On s'étonne et se scandalise d'une situation qui n'est pas nouvelle : les politiques sont des hommes et ne comptent pas parmi les meilleurs; opportunistes, vénaux et ambitieux ils représentent et fondent la société qui leur ressemble ! De quoi s'étonne-t-on ? D'avoir amené au pouvoir ceux dont on sait d'ores et déjà qu'ils ne sont parvenus là qu'à force de jouer des coudes ou du piston ?

Soyons sérieux, Mitterand a su nous démontrer avec brio que l'état n'était pas l'incarnation de l'intérêt commun mais l'exécutant de nécessités économiques internationales. Alors pourquoi se voile-t-on encore la face aujourd'hui et crie-t-on au loup lorsque les politiques mettent l'intérêt personnel au compte des intérêts économiques ? Qu'on étête autant de gouvernements républicains qu'on le souhaite, les sièges vacants seront toujours du même acabit tant qu'on ne remettra pas en cause les privilèges excessifs dont jouissent ceux qui accèdent au pouvoir. On ne peut pas s'attendre à ce que ce soient les âmes les plus vertueuses et scrupuleuses qui convoitent les places en or.

Préjugés ?

Un exemple ?

Monsieur De Villepin propose une loi discutée en conseil des ministres, Monsieur Sarkozy est de la partie mais ne s'oppose pas à cette loi; Monsieur De Villepin se fait chahuter, Monsieur Sarkozy trouve la loi et son porteur malhabiles et en propose un autre contrat de derrière les fagots. Monsieur De Villepin est remis en cause pour avoir diligenté soi-disant une enquête sur Monsieur Sarkozy, Monsieur Sarkozy s'offusque et se pose en "victime". Conclusion de la petite histoire : Monsieur De Villepin est mis sur le banc de touche, on appelle Monsieur Juppé (dont on rappelle qu'il fut jugé il y a peu pour de sombres malversations et qu'après re-jugement avec cafouillages, il écoppe d'un an d'inélligibilité au lieu des 10 initiaux) pour lui proposer le siège vacant mais celui-ci refuse (il doit se souvenir de son désavoeu de 95) et à qui pense-t-on : Monsieur Sarkozy (dont tout le monde a constaté la modestie, l'humilité, la discrétion et le défaut d'ambition) !

Si j'écrivais un scénario de film avec ce que je viens de décrire, on le jugerait incohérent et irréaliste j'imagine; et pourtant il faut croire que tout le monde se prend très au sérieux dans cette comédie digne des plus mauvais feuilletons de TF1.

On nous fabriquerait un Sarkozy pour la présidentielle qu'on ne s'y prendrait pas autrement ... reste plus qu'à trouver du sang contaminé à Fabius, des poètes spoliés à Lang, des délinquances trotskistes de jeunesse à Jospin et on devrait pouvoir faire avaler à tout le monde que Ségolène Royal est charismatique, que son emphase est écrasante, qu'elle a toujours su dominer d'une main de fer la région Poitou-Charentes et qu'elle fut par le passé une alliée omniprésente et affirmée d'un certain Claude Allègre.

Epilogue : en 2007 je vote pour un journaliste, après tout ce sont les premiers à avoir commencé leur campagne présidentielle ! Et avec quelle force de persuasion !