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Nina : Juste de passage pour te souhaiter un joyeux anniversaire ...Ça fait plus d'un an que je lis tes écrits, sans laisser de traces ^_^.... Georges Brassens avait raison, "ce qu'il faut de malheur pour écrire la moindre chanson" ! Si le chagrin est toujours trop envahissant, au moins il permet chez certains une belle créativité !!! Je te souhaite de ne pas avoir envie d'écrire trop souvent, sauf si c'est pour nous offrir des élans de joie !!! Si je t'encourage à écrire, jamais je ne souhaiterais que tu sois triste pour arriver à écrire de bien belles choses .
Songe : La plupart du temps les beaux moments se vivent et les tristes s'écrivent, c'est ce qui fait soit regretter l'écriture soit jalouser la vie dans les entre-deux, quand l'intensité n'est là ni pour se vivre pleinement ni pour apporter suffisamment d'inspiration. Mais heureusement il y a le souvenir et le ressenti pour ressusciter les peines et les joies et s'en imprégner suffisamment pour qu'il y ait de l'encre à l'encrier :) Merci d'avoir mis un peu d'encre ce soir dans le mien, ça m'a donné envie de me souvenir que j'aime écrire :) Youssouf : Bonsoir, Songe. Pardonne moi de t'avoir agressé stupidement il y a 16 ans. J'étais très con. Songe : Il n'u a rien à pardonner, sinon à toi-même :) nous ne sommes pas ce que nous fûmes mais nous pouvons être ce que nous aimerions devenir ... babao : coucou d'il y a très longtemps, j'espère que tu vas bien. Réagir :
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New Babel
Josie, Josie, Josie, you've lost another journey ... La musique se fraie un chemin à travers le vent, parfois happée par les va et vient de celui-ci. Dans les poutrelles d'acier il n'y a guère que le vent qui donne de la voix, et quelle voix ! Ça siffle, ça hurle, ça souffle et ça tonne. Eole se fâche de voir hommes juchés en son royaume. Je ne sais pas si l'architecte y pensait en baptisant la tour du nom de New Babel. Avait-il conscience de sa vanité en dessinant les plans de ce qui serait la plus ambitieuse, folle et ruineuse entreprise de tous les temps. Les mécènes aussi bien que les ouvriers avaient afflué du monde entier. C'était le croisement des nations, le fer de lance d'une économie fière et décomplexée. En fin de compte New Babel est un chantier qui ne s'est jamais terminé, suspendu entre terre et ciel par ses créanciers ... Pourtant dieu sait qu'ils y croyaient tous à leur doigt divin dressé vers l'espace. Cathédrale des temps modernes, l'édifice a eu son lot d'accidents mortels, de sang, sueur et larmes versés au ciment pour lier l'ouvrage de milliers de bras. Est-ce là ce qui fait la valeur historique des grands œuvres : le prix humain qu'il en a coûté ? Alors pour sûr, ce béton et cet acier portent en eux des centaines d'histoires. Si on avait pu demander à celui qui chuta dans le vide du 153ème étage, aurait-il souhaité que son sacrifice ne fut vain et que l'ouvrage aille à son terme ? Quand bien même, lui et tous les autres forçats du béton savaient qu'ils n'auraient pas leur place à la droite de l'homme- dieu intronisé au sommet de l'édifice. Les rares élus qui poseraient la dernière pierre n'auraient au final comme privilège que celui de s'être élevé plus haut que nul autre avant à cet endroit et de contempler du sommet la formidable vanité dont ils avaient été l'instrument. Quel vertige pour ces hommes-là à cet instant où ils se dresseraient là-haut, tout puissants, maîtres de l'horizon et du vide avant de retrouver le sol avec les milliers d'autres ouvriers redescendus avant eux. Seulement, ces hommes-là ne seront pas, car je me tiens au cœur de l'épi hérissé d'acier qui tient lieu à l'édifice de faîte. il n'y a ici qu'un hérisson rouillé dont les entrailles plongent en puits profonds à travers des dizaines de couches de béton. Une carapace de verre recouvre l'animal jusqu'au 98ème niveau; au-delà le corps gris et rouille est dénudé, offrant ses côtes aux vents violents, béant de solitude et de disgrâce. Il m'a fallu bien des heures de marches pour parvenir là, pour savoir ce qu'on voyait de plus là-haut qu'en bas, ce que le ciel avait de supérieur à la terre pour qu'on veuille s'en approcher autant. La beauté immense du désert à perte de vue, la mer qui s'y échoue en courbes vastes et douces, les points infimes d'une humanité fourmillante agglutinée au pied de la tour, le ciel bleu moucheté un peu plus près et pourtant toujours si insaisissable, tout ça valait certainement qu'on s'y attarde. Mais sommes-nous encore bien des hommes, juchés aussi haut et loin de nos semblables ? Est-ce cela que recherchent les maîtres des empires financiers : se tenir loin de tout ce qui pourrait troubler leur règne, tout ce qui risquerait de leur faire entrevoir l'humanité comme autre chose qu'une masse indistincte et minuscule qu'il est aussi facile à mouvoir que la figurine d'une maquette ? Finalement la maquette n'était pas viable, il n'y avait pas assez de robinets dans la multitude pour alimenter le grand fleuve financier sous-jacent à l'édifice, et il s'est immobilisé du jour au lendemain : les fourmis laborieuses sont reparties, laissant derrière eux un monticule de dettes et de vide. Ici la nature ne reprendra pas ses droits, elle n'en a pas plus que l'homme qui se les est arrogés : nulle végétation, nul insecte et nul oiseau ne vient se percher ici, c'est et cela restera le sanctuaire du ciel. Je reste encore quelques instants à contempler l'immensité, tenté de m'attarder, puis ramené à la raison par le tiraillement de la faim. Je rend à césar son empire désolé. Lorsque je me sentirais trop orgueilleux, je n'aurais qu'à lever le ciel vers ici pour me souvenir où mène la vanité. Et si jamais cela ne suffisait pas, rappelez-moi de refaire l'ascension jusqu'ici pour m'en souvenir ... Mémoires d'hier et de demain Prose de Songe, le Vendredi 28 Mai 2010, 16:08 dans la rubrique "Il était une fois ...".
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