Bon, après un article rabat-joie, il était indispensable de réintroduire une pointe de légèreté parce qu'un blog sans humour est un peu comme une vie sans amour.

Et même si mes talents culinaires sont un sujet d'auto-dérision que j'affectionne, il m'a semblé que rire du travail serait aussi bien, voire mieux, que d'en pleurer.

Après mes congés d'examens j'ai eu le plaisir de retrouver mes chers collègues pareils à eux-mêmes et je dois dire que si je m'étais senti dans une bulle durant les semaines précédentes, le travail est un merveilleux moyen de l'éclater.

A mon retour j'apprends que dans un moment de tension mon supérieur a reçu fortuitement une plante à la tête de la part d'une collègue quelque peu impulsive (je précise que le bambou synthétique, pousssièreux et par conséquent peu décoratif mesurait tout même près d'un mètre vingt bien ancré en terre dans son pot), et qu'en retour elle a eu le plaisir de recevoir un blâme qui l'invitait à se montrer plus courtoise envers la hiérarchie (vous remarquerez que la hiérarchie en question a pris des mesures draconiennes et de lourdes sanctions verbales dissuasives à son encontre). Le même supérieur, dans un excès de zèle, a envoyé vendredi dernier 365 courriers pour inviter des candidats à venir chercher des diplômes que l'autorité compétente (v. ci-dessous) n'avait pas encore signé lorsque la horde des prétendants a déboulé à mon accueil. Autant dire qu'on sentait déjà les 365 jours d'esclandre s'abattre sur nos têtes innocentes ...

Et comme l'apocalypse aime bien s'inviter avec son cortège de catastrophes, la journée fut sportive et mon humeur guillerette fut un peu le Tom Cruise qui affronte la Guerre des mondes du petit doigt gauche tandis qu'il épouse Katie Holmes sous la Tour Eiffel de la main droite (joueb et ma douce myel m'en préservent !)

Soyons organisés dans le compte-rendu des crises majeures de la journée :

1) Crise number one :

Grizzly, mon collègue nounours qui a fait toutes les guerres jusqu'à celle devant le Mordor, qui a déplacé des montagnes à la seule force de sa jambe bionique (un mauvais accident de voiture qui lui a vallu 8 mois d'alitement) et qui ferait pâlir le sctroumpf grognon de jalousie, ne comprend pas qu'en tant qu'ambassadeur franc-comtois il ne puisse pas choisir le dernier moment où il pourrait rejoindre un mois sa patrie de la saucisse de morteaux et du vin jaune alors que ses collègues indignes ont déjà posé leurs congés depuis quatre mois.

Argument de choc : si c'est comme ça Grizzly va prendre ses 8 mois pour se faire mettre une autre jambe bionique et le monde entier le maudira de l'avoir privé de son savoir-faire irremplaçable.

Réponse à la crise : on concède à Grizzly deux quinzaines début juillet et fin août et Grizzly la vengeance aura lieu en septembre où il partira un mois entier rien que pour embêter les méchants qui sont contre le seul gentil (moi je suis à moitié gentil parce que j'apporte des pots de miel et de la bonne humeur).

2) Crise number two :

Gargamel version femme avec Azraël en moins ne veut pas signer les 365 diplômes parce que Bisounours force rose, mon cher supérieur, les lui a imprimé en retard et parce qu'accessoirement il a dénoncé sa croisade contre les sctroumpfs de son service aux syndicats. Tyrannie oblige, elle menace de partir réunir des ingrédients pour ses potions mortelles à la montagne durant quatre jours en laissant les diplômes vierges sur son bureau. Quatre délégations différentes viennent implorer sa magnanimité, supplier qu'elle paraphe ne serait-ce que les deux malheureux diplômes que des jeunes viennent chercher pour travailler une semaine après. Mais rien n'y fait, le côté obscur de l'entêtement l'emporte.

Argument de choc : Bisounours force rose suggère d'envoyer les candidats un par un supplier Gargamel de céder, en espérant qu'au 365ème qui viendrait encombrer le couloir elle céderait peut-être (sinon ils seront tous morts en vain dans la bousculade)

Réponse à la crise : à 11h25mn15s je craque et avec mon collègue Girouette (qui suit toujours le vent même quand ça sent le cyclone) je décide de casser les jouets de tout le monde en faisant remarquer à Gargamel qu'envoyer 365 recommandés n'avait rien d'économique et que tout ça était on ne peut plus regrettable mais que ça ne devait pas amener à l'excommunion ad vitam eternam. Finalement la position Peace and love convertit Gargamel qui livre les 365 à 13h précises et Girouette se félicite de notre initiative commune.

3) Crise number three :

Buffy, en plus grande et pas du tout ressemblante, sinon de caractère, déboule dans l'ambiance surchauffée en début d'aprem et attaque les vampires qui ont osé ne pas lui apporter, 4 étages plus haut, l'ordinateur qui lui était destiné tout particulièrement. Nos âmes perverties seraient promises à la damnation si l'engin merveilleux (Deus ex machina) ne lui était pas restitué sur le champs.

Argument de choc : EVSVPP (comprendre "elle vit sa vie par procuration" ... devant son poste de télévision, etc.) ma collègue collectionneuse de Voici, Paris-Match, Choc et tout magazine littéraire qui prête à réfléchir sur la vie et le monde, annonce nonchalament que malgré le nom sur l'emballage elle a jugé bon de déposer le colis devant la porte de l'informaticienne en congé jusqu'au 8 juillet (comme affiché en grand et en français sur la porte). Après tout, chacun qui reçoit un colis peut trs bien se déplacer pour venir le chercher dans les couloirs même s'il n'est pas prévenu de l'arrivage.

Réponse à la crise : j'accompagne Buffy encore en mode combat on dans le couloir en question, découvre que le colis s'est volatilisé mais le retrouve chez l'informaticien bis. Puis, très démagogiquement je présente nos plus humbles excuses pour cette impardonnable faute de notre part (oui oui, nous ne manquerons pas de nous flageller 100 fois ce soir) puis je l'invite à nous avertir la fois suivante de l'arrivage imminent d'un de ses précieux colis.

4 ) Last Crise :

EVSVPP reçoit un usager à sa manière si délicate et chaleureuse qui avoisine toutes les portes réunies de prison de l'univers. Elle identifie pragmatiquement l'objet de sa demande en un temps record afin de raccourcir au possible les secondes qui la séparent des dernières frasques de Paris Hilton. Aussi vite arrivé, aussi vite rééxpédié trois étages plus haut au mauvais bureau (après tout elle a une réputation à tenir). Cause-conséquence : le virus écrevisse a atteint le 6ème étage et je reçois un coup de fil incendiaire qui maudit l'amnésie qui nous a fait oublier qu'on n'envoie jamais des personnes sans prévenir les dieux du dessus et que cette perte d'instants précieux de leur existence supra-incompréhensible pour nous misérables serviteurs du dessous, ne devait plus se répéter à l'avenir ou bien ...

Argument de choc : EVSVPP (elle détient le record absolu des arguments choc à ce jour) n'est pas là pour faire le boulot des autres, elle n'est payée que juste assez pour pouvoir acheter ses lectures transcendentales et l'efficacité, l'intelligence et la réactivité ne font donc pas partie de ses prérogatives actuelles. D'ailleurs si les autres sont tous des violeurs potentiels, des kidnapeurs écorcheurs probables de ses filles, c'est qu'elle est forcément une victime et donc présumée innocente, soit donc qu'elle a raison et les autres tort.

Réponse à la crise : je laisse passer les flammes du combiné puis je glisse très discrètement, loin des oreilles persécutées de ma chère et si douce collègue, que je vais monter apporter quelques éclaircissements au pourquoi du comment de cette situation récurrente. Je monte, donc, j'explique donc ce que chacun sait par ailleurs depuis plusieurs années : qu'EVSVPP défie toute raison, que nous endiguons chaque jour le napalm qui se déverse sur nos misérables carcasses mais que malgré tout il faut comprendre que les dommages collatéraux sont inévitables. Mais je rassure mes collègues écrevisses que la fois prochaine je me jetterais dans les flammes, que j'accèpterais même de faire la lecture de la vie de Paris Hilton à voix haute pour apaiser les pulsions sociopathologiques de notre Hannibal Lecter de service.

Bilan de la journée : j'ai l'impression d'avoir fait un tour à Jurassic Park version Caméra Café. Mes neurones postulent tous à l'ANPE et mon dos ressemble à un arc de compétition tendu à bloc.

Morale du jour : le travail c'est tout sauf la santé physique et mentale !