Ma chère et tendre amie,


Le temps où je goûtais à vos lèvres les délices des jours légers et frivoles me semble bien lointain aujourd'hui et je me surprends à laisser mes pensées sans cesse vagabonder vers votre lointain exil.

On me dit deci delà de jouir de chaque heure comme si elle était pleine et qu'il ne me fallait pas regretter ce qui n'est pas mais mon coeur connaît une telle langueur que les jours s'allongent en mi-teinte, tableaux aux tons chamarés auquel fait pourtant défaut le contraste, la luminosité; vous savez, cette lumière si particulière qui distingue le chef d'oeuvre du vulgaire, celle qui capte la passion.

Je n'ai certes pas à me plaindre malgré quelques légères incommodités de santé qui m'obligent à la circonspection, le pays est charmant, la nature fait assaut de florilèges tous plus ennivrant les uns que les autres et l'astre lui-même semble sourire dans l'azur infini des cieux. Je dois avouer que je retrouve sur les terres de mon enfance un air pur et doux que la cité étouffe par trop dans ses vieilles pierres. Tout en moi s'apaise ici lorsque qu'une mélodie légère accompagne le bruissement des feuillages, lorsque mes paupières s'allourdissent dans le regard bienveillant des ombrages.

Malgré  cela , vous n'imaginez pas  comme mon âme se sent incomplète lorsqu'elle ne trouve pas la votre pour se marier tendrement à elle. Dites-moi, suis-je raisonnable de laisser ansi mon coeur parler, devrais-je taire ses attentes et ouvrr mon attention à d'autres préoccupations ? Le saurais-je même ? Je ne pense pas : vous avez pris dans ma vie une place que je ne saurais nier avec tous les efforts (encore faudrait-il que je veuille une telle chose). Alors je vous écris en mêlant à l'encre une sérénité que vous sentirez bien fragile mais néanmoins volontaire; mon souhait le plus cher est que vous trouviez là-bas de quoi ravir vos souvenirs longtemps encore après que vous me soyiez revenue. Vous savez, je voudrais pouvoir m'effacer pour que vous ne trouviez point d'eclipse au soleil de votre échappée estivale. Mais je sais que ce n'est pas votre désir alors je m'efforce de veiller à mon propre bien-être afin que vous-même puissiez y trouver du réconfort.

Je me sens parfois bien ridicule au regard de ces hommes qui laissent la chair de leur chair à quai pour courrir l'aventure au large des mois et années durant. Ou même ces amours qui vivent la tourmente de séparations si longues qu'il est à peine concevable que le coeur y survive sans perdre toute joie. Mais il est toujours hasardeux de se comparer aux autres et d'en tirer des conclusions; on s'y perd rapidement je crois, la force réside justement dans cette aptitude à vivre au singulier, l'unique  et l'incomparable en lui donnant une dimension d'éternité.

Sachez toutefois, que le chemin qui va vers l'horizon me semble bien doux lorsque c'est vous qui m'y accompagnez. Je ne peux concevoir un autre lendemain que celui où vous ravissez mon regard de votre touchante délicatesse. Vous m'êtes bien trop précieuse pour que les nuages, qui apportent en certaines heures incertaines leur chappe d'humeur plombée, soient un motif pour moi de vous en vouloir de quoi que ce soit et sûrement pas d'être telle que vous êtes et telle que je vous aime envers et contre tout , de tout mon être ...

Mais rassûrez-vous, je vis des semaines paisibles dans votre attente, je redécouvre les sensations simples, les plaisirs sans prétention, tous ces agréments qui à défaut de faire le piment de l'existence, y mettent un peu de sel. Mais vos baisers sont sans nul doute la plus grande saveur que je connaisse à ce jour (et vos bras sont pour moi  un havre tendre où je privilégie à tout autre de trouver refuge aux heures lasses).

J'espère que vous ne m'en voudrez pas de vous être si attâché, que vous ne le percevez pas avec l'appréhension d'un amour inassouvissable; je suis sincèrement désolé que mes attentes puissent vous suggérez de tels sentiments car, aussi capricieux que puisse être mon caractère, vous êtes son plus beau et précieux présent et il n'y aucune parcelle de mon être qui en doute lorsque vous l'étreignez avec douceur; Pardonnez seulement à mes émotions leur impétuosité soudaine et parfois douloureuse : elle est simplement l'expression du désir profond de votre affection  (et nulle autre ne me rend aussi entier, soyez en certaine, quoi que mes humeurs puissent vous laisser croire).

Je tenais seulement à vous dédier ces quelques mots qui sont encore insuffisants à mon regard pour vous assûrer que votre amour pour moi est un bonheur indéscriptible ancré au plus profond de mon être.

Prenez soin de vous et vous prendrez soin de moi

Je vous aime tant ...